Annexe 3: Pour tout ce qu’ ils nous dérobent

Quiconque veut encore le voir, ne peut que constater le durcissement et l’extension de la guerre totale que le capital mène contre la vie. Ceux qui bougent encore, sentent le souffle puant et brûlant du contrôle social techniquement dirigé dans leur cou. Avec un progrès qui s’auto-accélère, l’ennemi bat à plate couture les anciennes tranchées, pratiquement abandonnées, de la guerre sociale. Le moment est venu de dire adieu aux formes de lutte qui, dans le passé, renforçaient les conflits sociaux mais qui, aujourd’hui, se voient irrémédiablement dépassées par l’ennemi.

Le temps des manifestations formelles et des assemblées ouvertes est passé, le moment est venu de trouver de nouvelles expressions de lutte que le capital n’a pas encore annulées. En formalisant et en concentrant le jeu, nous en limitons l’agilité et la portée, dans un vain espoir de reconnaissance et de victoire. Aussi, la politisation et la moralisation de la guerre sociale ne contribuent-elles plus depuis longtemps à la diffusion des conflits, mais sont plutôt devenues les sources d’un isolement volontaire.

En ce qui nous concerne, nous estimons que toute approche de la lutte qui reste parallèle à la manière dont l’ennemi appréhende cette dernière est vouée à l’échec. Il faut que nous trouvions rapidement des possibilités de joie armée, avant que l’occupant puisse nous dérober notre force d’imagination et notre esprit combatif. Cessons de garder les yeux rivés sur les volontaires et les mercenaires du pouvoir, pour avoir plutôt en vue ce qu’ils veulent et doivent protéger pour assurer leur survie.

Bien que des habitudes, la facilité et l’ambition nous incitent à attaquer celui qui est entraîné, payé et motivé pour nous combattre, il peut en être autrement. Sans les pompiers ou les services de dépannage, le feu a libre cours et l’intervention vient s’échouer dans les embouteillages. Les citoyens fidèles au pouvoir et les entreprises qui font faire leur sale boulot par les flics et les fascistes, qui s’enrichissent en rendant des services à la répression, méritent plus d’attention de la révolte que celle qu’ils ont reçue jusqu’alors. Comme tout ce qu’ils possèdent peut servir d’arme contre nous et provient de notre exploitation, tout ce qui leur appartient constitue une cible légitime pour la rage de ceux qui n’ont pas besoin d’idéologie pour se venger.

Si nous parlons de la collaboration entre les mercenaires, les volontaires et les gardiens civils dans la toile de contrôle de l’Etat, on ne peut manquer d’observer les infrastructures qui rendent possible la répression.

Avec cette proposition subversive, nous voulons partager le désir d’attaquer un réseau spécifique de répression, au moins pour le mettre en discussion et si possible pour le rendre irrésistible à quiconque chérit vraiment la liberté. Il s’agit du système global de courant qui alimente le spectacle et, dans ce sens, en est aussi le centre matériel. Le capital nous intègre mentalement et physiquement à travers notre connexion au réseau électrique, synchronisant ainsi la totalité de l’exploitation individuelle au point qu’elle apparaît comme un ensemble imaginaire.

Que l’intelligence se répande rapidement et on constatera que les soi-disant aspects sociaux et humains du réseau électrique ne sont rien d’autre que des subterfuges pour transformer l’ancien espace public en une grande prison à ciel ouvert, où la survie n’est tolérée qu’en ce qu’elle sert l’économie et la répression.

Il est clair pour nous que les appels à l’assassinat et les messages de haine informels de la contre-révolte, conçus dans les chambres de contrôle, arrivent dans les salons du public par des câbles électriques. Cependant, l’autoroute émettrice qui sert à transmettre l’amour de l’esclavage est très étendue et passe par toute une chaîne de sous-stations, avant de pouvoir paralyser les esprits et les mouvements des récepteurs.

Pour alimenter ses sujets et leurs objets, le capital devenu courant doit en permanence traverser, sans escorte, des territoires non surveillés où nombreux sont ceux qui sont hostiles au pouvoir. La seule manière d’ empêcher la transformation du terrain social en prison à ciel ouvert, est de réaffecter ce terrain, par la révolte, en champs de bataille où se livre la guerre sociale. Il n’est pas trop tard pour interrompre les circuits de l’ennemi. Frapper et disparaître comme la foudre qui tombe de l’épaisse couche de nuages qui obscurcissent ce monde. Se battre ; ne pas fuir. La vie est notre lutte, d’Abord, Enfin et Toujours.

 

La décharge à l’horizon

Une sortie de secours

« Aujourd’hui, l’idéologie n’existe encore que comme subterfuge et couverture de ce qui est techniquement nécessaire à maintenir l’occupation. »

La folie fait boule de neige. Dans l’imaginaire régime mondial du capital, les moutons dupés se bousculent pour avoir l’honneur d’être sacrifiés en premier sur l’autel du progrès. Le camouflage idéologique formel de la dictature informelle de la technologie perd à vue d’œil sa crédibilité, sans que pour autant ceci affecte la volonté de sacrifice de ses sujets.

Par la socialisation des technologies militaires de contrôle, l’occupant est en train de transformer chaque citoyen fidèle au pouvoir en soldat de l’armée de réserve informelle de la légalité.

Maintenant que la guerre civile à l’échelle planétaire est convenablement enrobée en écologique, sociale, morale et en tant que prix à payer pour le progrès, les civilisés fêtent frénétiquement et sans pudeur ses innombrables massacres.

Partout, les forces insurgées semblent être poussées sur la défensive par les légions de la contre-révolte. Les mercenaires et volontaires de l’occupant font, de manière plus arrogante que jamais, la chasse aux barbares qui refusent de se soumettre au régime de la mort. Malgré la tromperie et la confusion organisées, certains continuent d’avoir une confiance inébranlable dans la possibilité vivante de libération par la lutte.

Voilà pourquoi nous cherchons sans trève des perspectives de lutte qui portent en elles la fin de la dictature des marchandises. Ces mots ne sont qu’une proposition pour réorienter les conflits sociaux, qui s’adresse à tous ceux qui ont à cœur de précipiter la destruction de la prison à ciel ouvert en construction. Selon nous, les temps sont mûrs pour rompre avec les règles du jeu existantes et pour reprendre l’initiative en ouvrant de nouveaux fronts dans la guerre sociale contre le progrès meurtrier du capital. Le moment est venu de partir à l’assaut de l’infrastructure technique qui éradique le désir de révolte et est indispensable à la défense du monde marchand. Redécouvrons la joie qui surgit quand la prise est débranchée ou quand l’alimentation en courant est brusquement interrompue.

 

A la source

La fin de la transmission du pouvoir ne tient qu’à un court-circuit

 Pourquoi les choses synthétiques et métalliques semblent-elles plus malignes et plus agiles que nous ? Qu’est-ce qui rend impossible d’attaquer nos ennemis de manière ouverte et frontale ? Quelle structure isole la vie et relie les objets, leur maître et ses serviteurs entre eux ? Pourquoi nous entêtons- nous à rendre le jeu plus compliqué que ce qu’il est en réalité ?

Nous marchons presque toujours et partout au-dessus, en dessous, au milieu ou le long des nerfs et artères artificiels du monde fantomatique dans lequel nous sommes obligés de vivre. Rares sont ceux qui se trouvent ici encore hors de portée de la toile de cuivre, de fibres optiques et synthétiques par laquelle sont transportés et diffusés aussi bien le courant que les données vers les objets connectés et leurs serviteurs. C’est le fil caché qui relie nos chambres à coucher directement à la chambre de contrôle la plus proche. Ce sont les tentacules sous tension mortelle par lesquels le pouvoir transporte son message vers l’inconscient de chacun, afin de manipuler nos sentiments et de contrôler nos rêves.

Au printemps 2011, le Pentagone a rendu public qu’il considérait désormais toute attaque contre le réseau électrique des Etats-Unis comme un acte de guerre. Le journal patronal qui fait autorité, le Wall Street Journal, a fait des gros titres impossibles à comprendre de travers : « Mess with our Grid : expect rockets down your chimney » [Perturbe notre réseau : compte sur des roquettes dans ton salon]

Tout le monde sait que ce n’est qu’une question de temps avant que les innombrables Etats satellites des Etats-Unis suivent l’exemple du Grand Frère. La déclaration de guerre préventive contre tous ceux qui voudraient saboter le réseau électrique trahit clairement qu’en l’an 2011, l’occupant est très conscient de sa propre vulnérabilité.

Dans les Etats de contrôle, le réseau électrique qui alimente les chaînes d’appareils doit en permanence s’agrandir et se perfectionner de sorte à ce que plus personne ne puisse vivre hors de portée des objets. A chaque coupure de courant locale et temporaire, on peut clairement observer à quel point on oublie vite le spectacle, quand la panne des objets nous oblige à sortir de notre cellule. Pour nous, il est clair que l’attaque contre le monde des camps est vaine ou suicidaire, si nous ne parvenons pas d’abord à perturber ou interrompre partiellement l’alimentation électrique. Voilà pourquoi nous nous déclarons en conflit permanent avec tout et tous ceux qui sont disposés à empêcher l’imminent « Père de tous les Court-circuits ».

 

Déguisements et aliénation

Oublie ta patrie et tue pour ton réseau

« C’est une chimère de penser que les serviteurs du pouvoir ne se battront pas pour chaque mètre, tant qu’ils se trouvent dans sa prison mentale et morale. »

Comme nous l’éprouvons à chaque instant, la principale protection du réseau électrique repose sur le contrôle social de ceux qui continuent à croire les subterfuges idéologiques sous lesquels le pouvoir déguise sa toile meurtrière. Quelque chose qui a été érigé par les Etats avec le sang d’ouvriers et a récemment été remis au capital pour rationaliser la répression, ne peut pour nous être social ou humain. Il est sûr et certain que les soldats-médias du pouvoir représenteront les saboteurs du réseau électrique comme des fous antisociaux, des monstres qui exigent un traitement spécial et une attention particulière des bourreaux en blouse blanche ou en uniforme de gardien.

En cas de besoin, il y aura, tant que le réseau électrique fonctionnera, sans doute suffisamment de volontaires et de mercenaires prêts à sacrifier leur santé et leur vie pour surveiller le système nerveux du pouvoir. Les jours où l’occupant ne sera pas seulement obligé de faire la guerre pour maintenir la possession des champs pétrolifères, mais aussi pour défendre et préserver le réseau électrique, ne sont plus très loins. Dans un avenir proche, des fleuves de sang seront versés par rapport au réseau électrique, comme dans le passé des gens se sont faits massacrer pour la patrie et pour des ressources matérielles. Tant que les civilisés resteront sous l’emprise du pouvoir, ils opteront pour la satisfaction de leur accoutumance au courant et n’en auront rien à foutre de l’air sain ou d’une atmosphère sans radiations.

En même temps, nous trouvons inutile et surtout dépourvu de joie de diffuser, dans les conditions actuelles, des critiques verbales ou écrites à une large échelle. Tant que le bombardement digital de données réclamera et contrôlera les sens du public, plus personne ne pourra ou ne voudra vraiment comprendre le sens de nos mots. Il est clair pour nous que l’isolement apparent où se trouve la lutte actuellement, ne peut être brisé que par l’attaque contre le réseau de distribution ennemi. Sans l’empoisonnement permanent de leurs esprits, les armées apparemment infinies de la légalité se désintégreront comme neige au soleil. Il n’est jamais trop tard pour reprendre le fil du jeu interrompu prématurément, il y a déjà trop longtemps.

 

Sur les traces d’une possibilité

« L’obscurité a quelque chose de magique. Elle fait immédiatement revivre l’imagination abrutie par la lumière artificielle. Dans l’obscurité, plus rien ne peut être distingué d’autre chose. En sa compagnie, nous errons immédiatement hors des frontières du temps et de l’espace fixées par l’occupant. Voilà pourquoi nous embrassons l’obscurité comme le seul intime dont nous n’avons jamais à douter du retour. »

 

Elément central dans la structure d’occupation capitaliste, le réseau électrique a toujours été une cible des ennemis du pouvoir. Nul besoin de revenir bien loin dans l’histoire de la guerre sociale pour en trouver des exemples.

Au printemps 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a poussé le cycle du conflit social contre l’énergie nucléaire vers son dernier sommet. A ce moment-là, des insurgés sociaux ont décidé d’attaquer la mafia nucléaire par des attentats contre des pylônes du réseau à haute tension, au cœur de la bête. Jusqu’à la fin de la Guerre Froide, partout en Europe occidentale mais surtout en Allemagne de l’Ouest et en Italie, des milliers de pylônes ont été la cible des ennemis de la mafia nucléaire. Entre janvier et mi-novembre 1986, les sections de police d’Allemagne de l’Ouest ont enregistré au total 116 attentats contre des pylônes. Plus d’un tiers de ces pylônes ont été complètement détruits, avec des dégâts s’élevant à des dizaines de millions de marks. Les flics n’ont pu arrêter personne sur le moment.

La vague d’attaques a semblé implacable, jusqu’au moment où elle s’est heurtée à la contre-offensive de la contre-révolte et à d’autres limites pratiques qui ont empêché sa diffusion. Après l’électrocution presque mortelle d’une combattante italienne lors de l’abattage d’un pylône et le démantèlement complet, par infiltration, d’un « nœud de poissons-scies » autonome en Allemagne de l’Ouest, la critique de la méthode d’attaque a commencé à enfler. La vague d’attaques contre le réseau à haute tension avait déjà atteint son comble, quand la fin de la Guerre Froide a aussi sonné le glas de l’opposition sociale à la mafia nucléaire. Même si cette forme d’attaque a évidemment survécu à la Grande Réconciliation, il s’est avéré que vers 1990, les Etats de contrôle avaient conjuré sa diffusion incontrôlable.

Nous ne considérons nullement le sabotage des pylônes de la deuxième moitié des années 80 comme un combat perdu, mais bien comme un très joli conflit dont la beauté nous inspire jusqu’à aujourd’hui pour mener la lutte sans compromis contre le même ennemi qu’à une autre époque.

De la même manière, nous n’oublierons jamais que c’est la police française qui, fin octobre 2005, a poussé deux louveteaux des ghettos vers la mort, en les poursuivant jusqu’à ce qu’ils se cachent dans un transformateur électrique et y meurent par électrocution. Le double assassinat de ces enfants indésirables a donné le signe de départ pour une décharge historique de forces insurgées et a démontré aussi bien la vulnérabilité du réseau électrique que le danger mortel qu’il représente pour tout ce qui vit.

Pendant la révolte de 2005, les insurgés de nombreuses cités ont d’abord détruit l’alimentation de l’éclairage public, avant de commencer à brûler le reste. Après l’exécution par la police d’un jeune insurgé, à Athènes en décembre 2008, des émeutes ont également éclaté et chassé temporairement la police grecque des parties insurgées de la capitale. Quelques rebelles anonymes ont reconnu l’occasion et détruit l’alimentation des feux rouges, ce qui a permis à la révolte d’occuper temporairement l’espace normalement réservé à la circulation.

En sabotant l’alimentation de l’éclairage public et les signaux de circulation, nous sabotons le fonctionnement de l’usine antisociale en construction à ciel ouvert, et libérons en même temps l’espace où l’avancée des mondes du jeu ne peut plus être jugulée. En disloquant les transmissions du pouvoir, nous transformons l’espace occupé en terrain qui accueille les conflits sociaux à bras ouverts.

Les révoltes sociales récentes en France et en Grèce démontrent que les attaques contre le réseau électrique créent l’espace et les occasions pour faire durer l’insurrection, pour l’approfondir et la diffuser.

Reconnaissons les révoltes de Paris et d’Athènes comme des court-circuits qui frayent un chemin pour les décharges irrationnelles des forces insurgées dans un proche avenir. Pour qu’un ouragan de conflits incontrôlables rase les pouvoirs.

Du court-circuit à la décharge

De l’interruption de l’énergie du capital à la décharge des forces insurgées et incontrôlables

Personne ne peut plus nier aujourd’hui que le capital est en train de transformer à une allure effrénée les camps de concentration métropolitains en énormes prisons à ciel ouvert. L’ancien terrain social est occupé par un arsenal d’objets intelligents qui socialisent et intériorisent la répression chez les êtres qui doivent survivre dans ce cimetière social.

C’est justement cette colonisation de l’espace public par les objets intelligents qui permet l’instrumentalisation du contrôle social. L’implantation des caméras de surveillance, des lecteurs de cartes, des détecteurs, des capteurs etc. non seulement surveille nos mouvements physiques, mais modifie aussi la manière dont nous pensons et dont nous nous rapportons. Parfois la folie semble tellement avancée qu’il semble inutile, suicidaire ou contre-nature de s’insurger. Nous pensons par contre que la superstition de l’imaginaire omnipotence de l’occupant n’est rien d’autre que le message central de la guerre psychologique totale par lequel le spectacle veut contaminer nos esprits.

Pour nous, rien n’est encore perdu et tout ce que nous voulons vraiment reste possible. Il n’est jamais trop tard pour se révolter et aller à la rencontre de la joie armée qui porte en elle la fin de la folie.

Si les tentacules de l’ennemi se trouvent partout, alors les possibilités d’attaque sont plus grandes que jamais. Découvrons dans le quadrillage et l’étendue du réseau électrique les occasions de retourner encore la fortune des armes. Aussi négligeables puissent-elles paraître sur l’échelle spectaculaire d’espace et de temps, nous reconnaissons dans chaque interruption de l’alimentation des objets qui nous soumettent, la Grande Décharge qui porte en elle le monde dont nous rêvons depuis si longtemps.

Que les forces perturbatrices puissent fleurir, les forces qui barreront une fois pour toutes la route à la circulation du pouvoir et au courant qui l’alimente. Des forces perturbatrices qui rendront insurmontable la résistance naturelle contre le passage du pouvoir. Des êtres qui nourissent la volonté de mettre à sec le système d’irrigation dont le pouvoir inonde le tissu social.

En identifiant le réseau électrique comme une cible statique et indéfendable dans la dynamique incontrôlable d’une guerre sociale asymétrique, nous nous libérons de la nécessité supposée d’une attaque ouverte et frontale. Si nous réussissons à disloquer l’alimentation du champ électrique qui forme et protège ce monde, notre attaque joyeuse deviendra irrésistible. Sans courant, les objets intelligents omnipotents sont immédiatement réduits à ce qu’ils sont en réalité: des bouts de matière superflus, rouillés, inutilisables et donc inutiles, prêts pour la ferraille. Tout comme tout camp coupé de sa source d’alimentation centrale se transforme d’un coup de baguette en temple lugubre, sans vie et délabré qui attend résigné sa démolition inéluctable.

Le moment où les chasseurs deviendront les proies est dans l’air. La belle nuit où les radiations comme la tension se dissoudront dans le rien. La fin d’une mort lente que l’occupant veut nous imposer comme vie. Quand le feu aura consommé l’isolant, le court-circuit sera le signe d’attaque capable de nous catapulter d’un instant à l’autre dans un autre monde. C’est dans le silence assourdissant qui accompagnera l’arrêt des objets que ceux qui les manoeuvrent, confus et désemparés, deviendront à nouveau sensibles aux séductions et aux aventures de la révolte. Ne fixons pas notre attention sur les pylônes, mais ayons à l’œil tout ce qui se trouve entre les cabines de transformateurs et les prises.

Certains errent à dessein

« Les Forces Perturbatrices du nord portent dans leurs cœurs la Liberté qu’on leur a dérobée en apparence. »

Pour nous, l’attaque contre le réseau électrique est un élément inséparable de la guerre sociale dans laquelle nous nous libérons de l’esclavage, par la lutte. Non pas par nostalgie d’un retour vers ce qui ne peut plus être, mais par désir de briser le présent perpétuel pour courir vers quelque chose qui soit vraiment autre. Le fait que nous aussi soyons encore dépendants du réseau électrique ennemi pour survivre, n’est nullement en contradiction avec notre désir de l’attaquer. Nous reconnaissons notre dépendance et notre accoutumance au courant électrique comme une erreur que nous payons de notre liberté et notre santé. Dès maintenant, nous nous préparerons au mieux pour le moment de la Grande Coupure.

L’existence et l’utilisation de l’électricité comme source énergétique en soi nous laisse froids, c’est la façon dont l’occupant se sert de cette technique pour alimenter l’économie et la répression qui emplit nos cœurs de haine. Il ne s’agit pas pour nous d’un retour vers une nature imaginaire sans courant, mais bien d’une révolte contre la torture blanche de la dictature des marchandises. Il est à nos yeux évident que certaines parties du réseau électrique continueront à exister, même après un court-circuit du système, mais cela ne constitue en aucune sorte un argument pertinent contre les attaques d’aujourd’hui.

En représentant le chemin vers la liberté comme un calvaire plein d’horreurs et de privations, le spectacle incite ses serviteurs à se battre jusqu’à leur dernière goutte de sang pour leur luxe et leur esclavage. Néanmoins, notre désir passionné de liberté est trop vivant pour être encore tué avec du luxe empoisonné ou du racket émotionnel. Apprenons dans le conflit à laisser derrière nous les peurs faussement suscitées de l’obscurité, du froid et de l’inconnu, dans une intime accolade avec la liberté, dont nous avons été trop longtemps séparés. Nous sommes conscients du fait que la désaccoutumance du courant sera une expérience douloureuse pour de nombreuses personnes, mais nous ne pouvons plus nous vautrer dans la pitié pour les dépendants qui ont appris à craindre la vraie vie comme si elle fût la mort.

Nous ne voulons pas seulement pouvoir regarder les étoiles, mais aussi entendre siffler les oiseaux, en errant librement et donc incontrôlables dans la vie. Parce que la récolte produite par l’augmentation des radiations mortelles autour des champs électriques consiste en animaux et en enfants déformés, mutilés par l’anémie et par le cancer des os.

Nous pourrions nous rencontrer plus vite que prévu dans les sphères vivantes des conflits sociaux qui nous entourent. Si nous y allons ensemble, rien ni personne ne pourra nous empêcher de percer une brèche vers l’Autre Côté. Découvre le maillon manquant et keep it real.

(novembre 2011)

 

 

 

 

 

 

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